Dans le calendrier républicain français, le 1er jour du mois de floréal, souvent notre 20 avril, était dénommé jour de la rose.
Ah ! la rose !
Tant admirée et illustrée, chantée et offerte comme symbole de l’amour.
S’il est un poète auquel on l’associe spontanément, c’est bien Pierre de Ronsard et sa fameuse ode à Cassandre.
Je ne résiste pas à la citer intégralement, en moyen français :
« Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée.
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las, las, ses beautez laissé cheoir !
O vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. »
L’assimilation galante de la femme et de la rose est alors assez convenue et Ronsard en use volontiers :
« Pren cette rose aimable comme toy
Qui sers de rose aux roses les plus belles »
Mais il se fait surtout le chantre d’un Carpe diem amoureux, qu’il n’hésite pas à décliner pour Hélène de Surgères comme pour Cassandre Salviati, avec un sonnet qui se clôt ainsi :
« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dés aujourd’huy les roses de la vie. »
Il en est une variante moins connue, mais dont la crudité (fleurie !) m’amuse beaucoup, perdue au milieu d’un long poème des pièces ajoutées aux Amours en 1560 :
« Bien fol est qui se fie en sa belle jeunesse,
Qui si tost se dérobbe, & si tost nous delaisse.
La rose à la parfin devient un grate-cu,
Et tout, avecq le tems, par le tems est vaincu. »
À votre tour, faites preuve de galanterie et d’humour avec une carte buissonnière semée de roses !