Hanami au Jeu de Paume

Le Jeu de Paume accueille jusqu’au 28 mai 2023 une exposition de photographies de Thomas Demand.

Inlassablement, l’artiste interroge nos représentations. Ses images semblent reproduire le réel quand elles n’en sont que des copies éphémères, des mises en scène de sculptures en papier et carton. Ce monde étrange est d’autant plus fragile que les maquettes une fois photographiées sont détruites.

Laissez-moi vous présenter trois œuvres.

Dans Kontrollraum / Control Room (2011), on croit observer la salle de contrôle paisible d’un quelconque complexe scientifique ou industriel :

Sauf que Thomas Demand recrée une photographie prise avec le téléphone portable d’un technicien de la centrale nucléaire abandonnée de Fukushima. Voilà pourquoi les dalles du plafond lumineux pendent dans un équilibre instable et moquent notre illusion de contrôle.

Avec Lichtung / Clearing (2003), l’artiste confectionne 270 000 feuilles d’arbres en papier pour façonner une scène idyllique :

Il illustre ainsi une vision romantique et artificielle de la nature, une utopie.

Enfin, Hanami (2014) fait partie des papiers peints destinés à offrir une expérience architecturale immersive :

C’est une observation de Sei Shônagon dans ses Notes de chevet du XIe siècle qui a inspiré ce travail : « Il y avait, au bas de l’escalier, un cerisier haut d’environ dix pieds, couvert de fleurs merveilleuses. […] En les admirant, je remarquai que les fleurs du cerisier étaient sans doute artificielles ; mais leurs nuances ne le cédaient pas à celles de véritables corolles. Quelle habileté il avait dû falloir pour les faire ! Il m’était pénible de penser, en regardant ces fleurs, qu’elles seraient flétries s’il venait à pleuvoir. »

Hanami, littéralement « regarder les fleurs », propose donc une méditation sur la beauté et la brièveté de la vie.

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