Muguet de mai

Colette le rappelle dans Pour un herbier : « Plus qu’une coquetterie, mieux qu’une superstition, presque une religion, le muguet se fête le 1er Mai. »

Il est en effet de coutume d’offrir le 1er mai quelques brins de muguet de mai ou muguet commun (Convallaria majalis) comme porte-bonheur.

C’est Charles IX qui aurait instauré cette tradition le 1er mai 1561.

L’année précédente, alors qu’il visitait le Dauphiné avec sa mère Catherine de Médicis, le chevalier Louis de Girard de Maisonforte aurait offert au jeune roi un brin de muguet cueilli dans son jardin de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Charles IX aurait ensuite réitéré ce geste pour chacune des dames de la cour en disant : « Qu’il en soit fait ainsi chaque année ».

Une autre version de la légende raconte que Catherine de Médicis aurait chargé le chevalier de Saint-Paul-Trois-Châteaux d’une mission secrète auprès des Borghèse en 1560. Il serait revenu à la cour de Fontainebleau avec un bouquet de muguet cueilli dans les bois et offert au roi comme gage de réussite.

Mais la version la plus drolatique est sans nul doute celle du regretté Jean Teulé dans Charly 9. Il en fait un épisode plus tardif. Le roi, qui ne se remet pas du massacre de la Saint-Barthélémy et se languit, souhaite offrir des porte-bonheur à son peuple éprouvé. Il organise donc une distribution de brins de muguet :

« En ce 1er mai, c’est de la part du roi qui vous souhaite bien du plaisir ! Tenez madame, tenez monsieur, ce porte-bonheur. Les brins de muguet ont treize clochettes. Ça vous portera chance. Prenez, vous, et puis vous aussi, prenez-en tous ! Ça a poussé derrières les remparts où furent répandus, l’automne dernier, des cendres de parpaillots. Voyez comment, grâce à cet engrais, ça a donné cette année ! »

Sauf que ses sujets affamés mangent les clochettes, ignorant qu’elles sont toxiques : « C’est une hécatombe dans Paris » !

Si l’anecdote est invérifiable, il demeure exact que le muguet est classé parmi les plantes à très haute toxicité. La seule ingestion d’une gorgée d’eau où il a trempé peut s’avérer fatale en quelques minutes.

Mieux vaut donc l’admirer avec prudence, ou en cartes buissonnières !

Sources :

COLETTE. Pour un herbier. Paris : Citadelles & Mazenod, 2021. (p.53)

TEULÉ Jean. Charly 9. Paris : Julliard, 2011. (chapitre 29)

« Muguet de mai »

Cet article a 2 commentaires

  1. Corinne

    Article toujours aussi instructif !

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