Dans le calendrier républicain français, le 18e jour du mois de prairial, souvent notre 6 juin, était dénommé jour du pavot.
Il existe près d’une centaine d’espèces sauvages de pavots (genre Papaver), de l’humble coquelicot (Papaver rhoeas) qui colore nos champs de blé de son rouge vif au sulfureux pavot somnifère ou pavot à opium (Papaver somniferum) :
Le Jardin des Plantes de Paris présente chaque année des centaines de pavots d’Islande (Papaver nudicaule) dans sa grande perspective :
Et je ne me lasse pas de les admirer !
Comme j’ai été fascinée par les pavots de Georgia O’Keeffe lors de la rétrospective que le Centre Pompidou lui a consacrée en 2021 :
Si les fleurs sont parfois l’objet de représentations mièvres, ce n’est jamais le cas chez cette grande artiste encore trop méconnue.
D’aucuns ont voulu y voir de l’érotisme, ce qu’elle a toujours réfuté, arguant qu’il s’agissait de projections personnelles sans rapport avec son art !
Son objet consiste à attirer le regard par un changement d’échelle :
“I realized were I to paint the flowers so small, no one would look at them because I was unknown. So I thought I’ll make them big like the huge buildings going up. People will be startled: they’ll have to look at them – and they did.”
(« Je me suis rendu compte que si je peignais des fleurs si petites, personne ne les regarderait parce que j’étais inconnue. J’ai donc eu l’idée de les agrandir, comme d’énormes immeubles en construction. Les gens seront surpris : ils devront les regarder – et c’est ce qu’ils ont fait. »)
Le cadrage au plus près de la corolle invite à l’expérience brute de la beauté.
Admirons encore cette autre huile plus tardive :
Photo credit: John R. Glembin © 2021 Georgia O’Keeffe Museum
Pour rendre hommage aux merveilleux pavots de Georgia O’Keeffe et changer encore de perspective, j’ai posé sur leur reproduction deux petites feuilles de ginkgo obcordées, peintes couleur argent pour mieux faire ressortir le rouge et le jaune :