Kujaku (孔雀) désigne le paon.
En Chine et au Japon, Mahâmâyûrî, la « Grande Paonne », est une incarnation du Verbe du Bouddha. Elle est assise sur un socle porté par un paon, comme sur cette tapisserie chinoise du XIe siècle :
Animal psychopompe, le paon accompagne l’âme du défunt dans l’au-delà. Sa roue relie le cercle du ciel et le carré de la terre. Il est symbole de compassion, d’harmonie et de prospérité.
Jakuchû inclut dans son Royaume coloré des êtres vivants un splendide paon immaculé, qui semble poser sous un pin, parmi des pivoines :
Hiroshige lui donne des tons dorés et l’associe à de majestueuses pivoines ou à des feuilles d’érable qui prennent des tons d’automne :
Autres plumes d’or avec cet inrô (petite boîte portée par les hommes à la ceinture de leur kimono) du XIXe siècle :
Kujaku devient alors décoratif, comme dans cette estampe de Chôkôsai Eishô où sa roue occupe tout le décor :
Ses plumes se font même motifs sur les somptueux uchikake (manteaux) des courtisanes de Kitagawa Shikimaro :
Vous remarquerez également leur lèvre inférieure teintée en vert, une mode de l’époque Bunka-Bunsei (1804-1830).
Sources :
« Christiane Tortel, Sacralisé, diabolisé. Le paon dans les religions, de l’Asie à la Méditerranée »