C’est le jour de la pomme !
Selon Odilon Redon : « L’art de peindre réside, pour qui sait peindre, dans une pomme, au coin d’une table. Peindre une pomme, quoi de plus bête ! Et cependant pour faire de cette donnée si simple quelque chose qui s’élèvera à la beauté, il faudra que la peinture y soit tout entière, solide, souple, riche et substance. » (À soi-même – Journal 1867-1915)
Des pommes sur une table, tant de peintres s’y sont essayés !
Promenons-nous parmi quelques belles réussites.
Je pense d’abord aux maîtres flamands du Siècle d’or.
Chez Floris Claesz van Dijck ou Roelof Koets, les pommes trônent dans une superbe coupe en porcelaine blanche et bleue :
La nature morte se fait vanité, la pomme coupée se reflète dans un plat en étain à l’équilibre instable.
Le passage du temps est également sensible sur cette toile de l’Allemand Georg Flegel :
La pomme est brillante et d’une belle rotondité, mais souris et scarabée menacent.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, c’est le rendu de la lumière et l’intensité de la couleur qui fascine bien des peintres, impressionnistes, pointillistes, fauves…
Nul hasard à ce que ce tableau de Signac ne rende lisible sur un livre que le titre « soleil » :
Renoir pose des touches lumineuses subtiles sur pommes et fleurs :
Autres coins de table, aux nappes vives, chez ces deux maîtres de la joie et de la couleur que sont Bonnard et Matisse :
Ce dernier quitte la table traditionnelle pour poser quatre pommes sur une commode blanche :
Et quand il choisit comme support un guéridon, avec une perspective qui témoigne de l’influence du cubisme, il laisse avant tout vibrer le rouge, le jaune et le vert :
Ces trois couleurs joyeuses sont également celles de mes cartes buissonnières :