On connaît surtout le peintre italien Cristoforo Munari (1667-1720) pour ses natures mortes. S’il ne jouit certes pas de la renommée de Caravage ou de Chardin, son œuvre démontre un grand sens de la composition, de la couleur et de la symbolique.
Il fréquente les milieux aristocratiques et les cercles des Médicis, ce qui lui permet de développer une peinture de salon où il capture des scènes de la vie domestique avec un regard à la fois réaliste et poétique. Il représente ainsi avec minutie des instruments de musique, des livres, de la vaisselle précieuse, des fruits disposés avec soin… Il joue habilement de la pluralité des textures – papier froissé, bois verni, métal poli, porcelaine de Chine, faïence de Delft et verre de Venise – pour créer un effet de présence presque tactile.



En ce jour du melon dans le calendrier républicain, j’ai choisi des natures mortes qui les exposent, entaillés ou à moitié mangés, accentuant l’effet de moment suspendu.


On peut y reconnaître l’influence des maîtres flamands et hollandais, dont les œuvres circulaient dans les collections italiennes à l’époque. Néanmoins, chez Cristoforo Munari, le regard me semble plus hédoniste : le plaisir des sens prime sur la leçon spirituelle de la vanité.
Ici, la chair orangée du melon se mêle à des figues, des fleurs de jasmin et une mortadelle découpée dont on aperçoit deux tranches gisant sur des feuilles de figuiers :

Là, sa douce texture contraste avec l’émail de la porcelaine chinoise et se reflète sur le plateau d’argent :

J’ai conservé la palette vibrante de l’orange et du vert pour ma carte buissonnière :

Sources :
« Cristoforo Munari » – fiche Wikipédia en anglais