Sous le signe du colchique

Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent,
Colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été…

Dans le calendrier républicain français, le 4e jour du mois de vendémiaire, souvent notre 25 septembre, était dénommé jour du colchique.

Le colchique (Colchicum autumnale) est une plante vivace qui fleurit principalement en septembre et octobre.

Atlas d’histoire naturelle : Plantes vénéneuses, Dr Wilhelm Elias von Ahles, 1876
© gallica.bnf.fr / BnF

Cette floraison tardive dans les prés jaunis lui confère une aura particulière : il semble annoncer l’entrée dans une saison plus sombre.

On l’appelle communément « safran des prés », parce que ses pétales mauves délicats et ses étamines jaune vif rappellent le safran, mais, contrairement à ce dernier, il est hautement toxique. Il produit en effet de la colchicine, un alcaloïde très toxique qui peut s’avérer mortel à forte dose.

Vue sur le Matterhorn (Mont Cervin), photo de Bernard List

Il porte donc une forte charge symbolique, entre beauté fragile et présage funeste.

Cela n’a pas échappé à Guillaume Apollinaire, qui lui consacre un poème dans son recueil Alcools (1913) :

Ce tableau champêtre baigne dans l’atmosphère crépusculaire de l’automne (trois fois à la rime) et du « violâtre ».

Dès le premier vers s’exprime l’ambiguïté qui parcourt tout le poème : joli/vénéneux.
La femme-fleur est aussi attirante que fatale, ce que synthétise ce vers central à la cadence régulière et funèbre : « Et ma vie / pour tes yeux / lentement / s’empoisonne ».

On peut même penser que le poison infuse le poème qui, bien observé, s’apparente à un sonnet déstructuré.

Fleur-femme et fleur-poème, le colchique se fait fleur-ginkgo sur mes cartes buissonnières :

Sources :

« Colchique » – fiche Wikipédia

« Colchique d’automne »

Laisser un commentaire