Les anémones de Diglee

C’est le jour de l’anémone !

Dans Je serai le feu, Maureen Wingrove, alias Diglee, propose une anthologie aussi subjective que subtile de cinquante poétesses du XIXe au XXIe siècle :

Chaque sélection de poèmes s’accompagne d’une biographie et d’une magnifique illustration à l’encre noire.

J’en ai fait mon livre de chevet, glanant quelques portraits et poèmes chaque soir.

Parmi mes belles découvertes, je pourrais citer la poétesse et dessinatrice allemande Else Lasker-Schüler.

J’ai d’abord été captivée par la beauté du dessin où elle semble glisser dans un rêve d’anémones géantes :

Et par ce texte au puissant pouvoir d’évocation : « À l’ombre de tes rêves la nuit venue Mon cœur d’anémone s’abreuve de vent ».

Cité ensuite dans son entier, le poème qui le contient est tout aussi bouleversant. C’est pourquoi j’ai eu envie de le retrouver aussi dans sa langue originale :

MELODIE

Deine Augen legen sich in meine Augen
Und nie war mein Leben so in Banden
Nie hat es so tief in dir gestanden,
So wehrlos tief.

Und unter deinen schattigen Träumen
Trinkt mein Anemonenherz den Wind zur Nachtzeit,
Und ich wandle blühend durch die Gärten
Deiner stillen Einsamkeit.

(MÉLODIE

Tes yeux se posent dans mes yeux
Jamais ma vie n’a eu si forte attache
Jamais n’a-t-elle été autant ancrée en toi
Éperdument ancrée.

À l’ombre de tes rêves, la nuit venue,
Mon cœur d’anémone s’abreuve de vent,
Et je traverse, florissante, les jardins
De ta paisible solitude.

Traduction de l’allemand par Eva Antonnikov)

Avec quelle force Else Lasker-Schüler ravive ici l’image du vent, sens étymologique de l’anémone (du grec ancien ἄνεμος) !

Lisez ses vers et partagez-les au moyen d’une carte buissonnière dédiée :

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