Dans le calendrier républicain français, le 19e jour du mois de brumaire, souvent notre 9 novembre, était dénommé jour de la grenade.
« Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Mallarmé, L’Après-midi d’un faune
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir. »
Je compte ces vers parmi les plus beaux que je connaisse.
Ils évoquent si bien l’intensité du désir !
On associe depuis longtemps la grenade à la vie et à la fertilité.
Son étymologie – le latin (malum) granatum, c’est-à-dire « (pomme) à grains » – souligne ainsi les quelque 400 graines qu’elle peut contenir. On les appelle des arilles.
Leur couleur rouge n’a pas inspiré que le lyrisme de Mallarmé.
Je pense notamment à la fascinante Proserpine de Dante Gabriel Rossetti (1874) que l’on peut admirer à la Tate Britain de Londres :
Dans le même musée, on trouve un portrait en pied d’Elizabeth I attribué à Steven van der Meulen ou Steven van Herwijck (vers 1563) :
Et le cartel de préciser que les fruits symbolisent la fertilité de la future mariée.
À Londres toujours, la Wallace Collection comporte une nature morte du XVIIe siècle, attribuée à Jan Jansz de Heem, avec grenade ouverte et pelure de citron en spirale :
Les maîtres du Siècle d’or hollandais ont aimé représenter le luisant de ses arilles :
Mais la grenade qui me surprend le plus se trouve à Paris, dans la Salle des Conférences du Palais du Luxembourg. En effet, elle arbore une belle couleur… turquoise !
Mes cartes buissonnières préfèrent néanmoins le rouge !
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