C’est le jour de l’orange !
Un peu d’étymologie
D’après le Dictionnaire culturel en langue française dirigé par Alain Rey, orange, écrit orenge à la fin du XIVe siècle, est une ellipse de pume orenge, calque de l’ancien italien melarancio, -a, composé de mela « pomme » et arancio, emprunté par l’intermédiaire de l’arabe au persan narang.
Certaines langues ont conservé la dénomination « pomme orange », par exemple pomarańcza en polonais, pomerans en suédois, pomaranč en tchèque et en slovaque…
D’autres parlent de « pomme de Chine » en raison de la provenance de l’orange douce, rapportée par les Portugais : sinaasappel en néerlandais, appelsin en danois, en norvégien et en russe, Apfelsine en allemand…
Dans la Genèse, il n’est nullement question de pomme, mais du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Alors pourquoi la pomme est-elle donc devenue le fruit défendu ?
Il s’agit probablement d’une confusion phonétique, ou d’un jeu de mot voulu, autour du mot latin malum, qui signifie à la fois « pomme » et « mal ».
Vierge à l’orange
On trouve donc parfois non la pomme, mais la « pomme orange » pour symboliser le fruit du péché originel et la rédemption.
Dans le retable de L’Agneau Mystique des frères Van Eyck, achevé en 1432, c’est ainsi une orange amère que tient Ève :
Pour sa Vierge de Lucques (vers 1435-1440), Jan Van Eyck place deux oranges sur l’appui de la fenêtre, une autre dans la main de l’enfant Jésus :
Joos van Cleve s’en souviendra pour sa Sainte Famille :
Ce peintre flamand du XVIe siècle en propose des variantes avec l’orange tranchée au premier plan :
Enfin, je voudrais évoquer Les Époux Arnolfini de Van Eyck (1434) :
Ce tableau n’a pas fini de livrer ses mystères et on lui prête bien des sens.
Or il comporte des oranges sur le coffre et sur l’appui de la fenêtre :
À cette époque, non seulement elles demeurent des produits exotiques de luxe qui témoignent de la richesse du foyer, mais, au vu des autres tableaux de Van Eyck, on peut penser qu’elles font allusion au fruit défendu.
Pensez à cette possible lecture quand vous mangerez des oranges ou en enverrez en cartes buissonnières !
Pour aller plus loin :
« L’orange » (article érudit et passionnant sur l’étymologie et les noms de l’orange dans les diverses langues européennes)