Dans le calendrier républicain français, le 4e jour du mois de germinal, souvent notre 24 mars, était dénommé jour de la tulipe.
Si cette fleur nous paraît désormais plutôt modeste et banale, elle a fait l’objet d’une incroyable fascination dans les Pays-Bas du début du XVIIe siècle.
La spéculation a été telle qu’on a pu parler de « tulipomanie ».
Le prix d’un seul bulbe pouvait atteindre jusqu’à dix fois le salaire annuel d’un artisan.
Parmi les variétés les plus prisées, Semper Augustus coûtait trois maisons situées au bord des canaux. C’est tout l’enjeu du beau roman d’Olivier Bleys. La tulipe éponyme y est ainsi décrite :
« À l’endroit où la fleur se joint à la tige, elle est d’un bleu uni. Puis la corolle s’arrondissant prend diverses nuances : tantôt un blanc pur, tantôt un jaune pâle moucheté de carmin. Elle est flammée du bas jusqu’en haut, de fines mèches rouges sang qui jaillissent du foyer des six pétales et s’élèvent en serpentant. Une splendeur ! »
Cette fièvre a connu son apogée de 1634 à 1637, jusqu’à ce qu’un décret y mette fin et fasse s’effondrer les cours.
Elle a causé bien des ruines, mais nous aura laissé de superbes toiles, car les peintres du Siècle d’or ont ajouté la fleur tant convoitée à leurs bouquets-vanités.
En voici deux très belles illustrations – d’Ambrosius Bosschaert et de Jacob Marrel – photographiées au Rijksmuseum d’Amsterdam :
Décrivant une assiette de Saxe dans Le Temps retrouvé, Proust évoque le « déchiquetage lie-de-vin d’une tulipe ».
J’ai donc tout naturellement dédié une tasse à Semper Augustus !
Mais j’ai également confectionné des cartes avec de plus modestes tulipes :
Sources :
BLEYS Olivier. Semper Augustus. Paris : Gallimard, 2007. (p.231)
PROUST Marcel. Le Temps retrouvé. Paris : Folio, 1990. (p.17)
« Tulipomanie » – article très complet
« La Tulipomanie, première bulle spéculative de l’histoire »
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