Sous le signe de la figue

Dans le calendrier républicain français, le 7e jour du mois de brumaire, souvent notre 28 octobre, était dénommé jour de la figue.

Ce fruit nous donne l’occasion de nous pencher sur les origines mythiques de Rome.

Nous connaissons l’histoire des jumeaux Romulus et Rémus, abandonnés nouveau-nés dans un panier au fil du Tibre, puis recueillis et allaités par une louve.

La représentation la plus connue en est celle de la louve capitoline, sculpture en bronze de datation incertaine. C’est probablement une œuvre étrusque du Ve siècle avant J.-C., à laquelle les jumeaux ont été ajoutés au XVe siècle :

Il en existe de nombreuses répliques, dont une que je salue souvent, offerte par Rome à Paris en 1962 à l’occasion du jumelage des deux capitales. Elle se trouve square Samuel-Paty, face à la Sorbonne, et je la trouve amusante quand elle porte un caparaçon de neige !

Mais nous avons souvent oublié que le panier fait halte au pied d’un figuier sauvage dit « figuier Ruminal », comme en atteste les historiens Tite-Live (Ab Urbe condita libri, I, IV, 5) et Tacite (Annales XIII, 58) ou le poète Ovide (Fastes II, 412).

Sur cet autel consacré à Mars et Vénus datant de la fin du règne de Trajan (98-117 ap. J.-C.), nous voyons à la fois la louve allaitant les enfants et des figuiers croulant de fruits :

© Ursus – CC

On retrouve louve et figuiers dans une toile du XVIIe siècle de Pierre de Cortone, « Romulus et Rémus recueillis par Faustulus », conservée dans la Grande Galerie du Louvre :

Le berger confie l’un des jumeaux à son épouse tandis que l’autre demeure auprès de la louve, sous l’ombre protectrice des figuiers :

La scène a tellement plu que la Banque de France en possède une copie de 1868 exécutée par Édouard Vimont, avec des couleurs plus vives et un format allongé :

« Ruminal » ?

En latin archaïque, ruma désigne une mamelle.
L’adjectif confèrerait donc au figuier un rôle protecteur et annonciateur de renouveau.

La figue serait le plus ancien fruit domestiqué.
Ces fresques de la Villa de Poppée, dans l’antique Oplontis, en témoignent :

Dans ce même Ier siècle, Pline l’Ancien en mentionne déjà vingt-neuf variétés dans son Histoire naturelle et évoque la coutume de gaver les oies avec des figues séchées. On obtenait ainsi un foie farci de figues, jecur ficatum.

De façon amusante, c’est l’évolution phonétique du mot ficatum (« aux figues ») qui donnera le français foie.

De nos jours, on compte quelque sept cents variétés de figues, vertes (ou blanches), grises (ou rouges) et noires (ou violettes).

Ce sont ces dernières qui décorent mes cartes buissonnières :

Sources :

« Louve Capitoline » – fiche du musée du Capitole

« Ficus ruminalis » – fiche Wikipédia

« Le figuier et la louve – Aux origines mythiques de la Rome antique »

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