Motif shoubu

Shoubu (菖蒲), l’iris japonais, se reconnaît à ses feuilles allongées et ses trois pétales tombants, comme sur cette élégante peinture sur soie de Kokei Kobayashi de 1935 :

Il est symbole de printemps, de fécondité, mais aussi de nostalgie. On l’associe également à la virilité et aux samouraïs, parce que la forme de ses feuilles évoque la lame de leur sabre.

C’est dans les Contes d’Ise (Ise Monogatari, recueil de poèmes du Xe siècle) que l’iris acquiert sa signification amoureuse. Le neuvième conte relate la mélancolie du héros, Ariwara no Narihira, et de ses compagnons. Arrivés au pont à huit sections sur les marais d’iris de la province Mikawa, ils décident de composer un acrostiche, un poème dont les premières syllabes de chaque vers forment à la verticale le mot iris :

« Comme un beau vêtement
Auquel on s’est attaché en le portant
J’ai une femme
Dans ce voyage qui m’a amené si loin
Je pense à elle avec des regrets. »
(Contes d’Ise, éditions Gallimard, 1988, traduction de G. Renondeau)

Des jardins d’iris

Cette paire de paravents des années 1700 de Watanabe Shiko sème des iris avec des beaux tons de bleu :

Le grand Hokusai choisit lui des nuances d’orangé et de violet et pose une sauterelle sur la feuille centrale :

Van Gogh se serait inspiré de cette estampe pour ses célèbres Iris de 1889 :

Hiroshige en fait également son sujet principal :

En revanche, sur cet éventail, les iris d’eau constituent le décor :

Cette estampe, l’une des dernières du maîtres, date de 1858. Cette année-là, on installa un jardin provisoire dans l’allée centrale du quartier de plaisirs de Yoshiwara à Edo, afin de permettre aux courtisanes de contempler les iris durant le cinquième mois.

D’autres peintres associent volontiers belles dames et iris :

Et cela se poursuit durant l’ère Meiji (1868-1912), par exemple avec Yōshū Chikanobu :

Le motif shoubu

Élégant, l’iris se fait volontiers motif de kimono :

Chez Utagawa Kunisada I (Toyokuni III), il est si stylisé qu’on croirait presque un motif Art nouveau :

J’ai trouvé qu’il se mariait bien avec l’or de la feuille de ginkgo et le raffinement proustien :

Sources :

Exposition « Hiroshige et l’éventail, voyage dans le Japon du 19e siècle », musée Guimet, 15 février au 29 mai 2023

Exposition « KIMONO », musée du quai Branly, 22 novembre 2022 au 28 mai 2023

« Iris ensata – Iris du Japon » – fiche Wikipédia

« La Signification des Fleurs et Arbustes au Japon »

« Iris et sauterelle »

« Voyageur du Temps, Iris & Huit Ponts »

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