À dix-huit ans, Yves Saint Laurent découvre À la recherche du temps perdu, une « œuvre extraordinaire » qu’il ne terminera jamais par crainte d’être « brisé » par la séparation. Cette œuvre monumentale l’accompagnera toute sa vie : il la relit régulièrement, y puise des émotions, des figures, des atmosphères.
La société proustienne, avec ses salons feutrés, ses robes longues, ses jeux de convenance et de dissimulation, n’est pas sans rappeler le monde de la haute couture. Saint Laurent est fasciné par cette aristocratie fin-de-siècle, par ses rituels mondains, ses figures féminines raffinées.

Une même obsession : le temps, la mémoire, l’élégance
Mais ce qui les unit profondément, c’est leur rapport au temps. Tous deux sont hantés par sa fuite, sa réversibilité, sa beauté tragique. Quand l’un écrit pour le retenir, l’autre crée pour le transcender. Les collections de Saint Laurent, bien que toujours novatrices, sont souvent traversées par la nostalgie d’un monde qu’on sent déjà en train de disparaître. À l’instar du narrateur proustien retrouvant le temps perdu dans une madeleine, le grand couturier fait affleurer la mémoire dans une coupe, une couleur, une silhouette.
Dans certaines de ses collections, Yves Saint Laurent convoque d’ailleurs directement l’univers proustien.
En 1990, il crée ainsi ces robes du soir « Hommage à Marcel Proust » en organza de soie imprimé de fleurs :






En ce 10 juillet, exactement 154 ans après la naissance de Proust, mes cartes buissonnières adoptent les mêmes nuances de jaune vif, de rose et de violet :

Sources :
Exposition « Les Fleurs d’Yves Saint Laurent », ponctuée de citations de Marcel Proust
Musée Yves Saint Laurent Paris, 20 septembre 2024 – 4 mai 2025