C’est le jour de l’abricot dans le calendrier républicain !
En 2023, lors d’une exposition consacrée à l’art du pastel au Petit Palais, j’ai découvert cette Femme accoudée à une table de Paul-César Helleu, datant de 1889 :

J’ai été fascinée par les abricots rappelant les tons orangés de la chevelure et par les touches de bleu, la couleur complémentaire :

J’aimais déjà beaucoup les portraits de femmes de ce peintre, notamment à l’ombrelle :



Je les trouve très « proustiennes ».
On connaît d’ailleurs l’amitié qui liait les deux hommes, qui se retrouvaient volontiers à Cabourg. Helleu a manifestement inspiré à l’écrivain le peintre fictif de La Recherche : Elstir. Qu’on en juge par ces extraits :
« avec mes amies nous étions quelquefois allés voir Elstir, et les jours où les jeunes filles étaient là, ce qu’il avait montré de préférence, c’était quelques croquis d’après de jolies yachtswomen ou bien une esquisse prise sur un hippodrome voisin de Balbec. »
Et le peintre de théoriser : « ce qui est gracieux, ce sont ces toilettes légères, blanches et unies, en toile, en linon, en pékin, en coutil, qui au soleil et sur le bleu de la mer font un blanc aussi éclatant qu’une voile blanche. »
Mais revenons à notre femme aux abricots.
Vous aurez remarqué qu’elle arbore la même chevelure flamboyante que les « yatchwomen » et cela ne doit rien au hasard puisque le modèle récurrent est l’épouse du peintre : Alice Helleu.
Comme l’expliquait le cartel, en 1889, le peintre américain John Singer Sargent avait invité le jeune couple à le rejoindre à Fladbury dans le Worcestershire, en Angleterre, où il séjournait en été. Il y peignit cette huile beaucoup plus formelle :

On peut ainsi supposer qu’Helleu a croqué cet instantané d’Alice entre deux séances de pose pour Sargent.
Comme elle, profitons de la pleine saison des abricots !
