Aujourd’hui, 9e jour du 9e mois, les Japonais célèbrent Kiku no sekku (菊の節句), la fête des chrysanthèmes.
C’est le 5e sekku de l’année, après le Nouvel An, Hina matsuri (la fête des poupées, le 3/3), Kodomo no hi (la fête des garçons, le 5/5), Tanabata (la fête des étoiles, le 7/7).
On l’appelle également la fête du double yang.
En effet, les chiffres impairs symbolisent le yang ; le chiffre 9 (3×3) redoublé représente donc son apogée.
Kiku (菊), le chrysanthème, est la fleur impériale.
Sur les estampes de la période Edo (1603-1868), on le retrouve volontiers associé aux feuilles d’érable et autres feuilles emportées par le vent :
Avec ce triptyque, Utagawa Toyokuni II illustre les cinq différentes fêtes et, pour le 9e mois (九月) ; il place des chrysanthèmes sur un kimono (première estampe) et en ikebana (le bouquet de la troisième estampe) :
Kikuzake (菊酒)
Depuis l’ère Heian (794-1185), Kiku no sekku donne l’occasion de contempler les chrysanthèmes, mais également de déguster du saké à base de leurs pétales, le kikuzake.
Matsuo Bashô célèbre d’ailleurs cette pratique dans un haiku précédé de « Durant cette même année, le 9 septembre, Otokuni m’a rendu visite avec un tonneau de saké » :
草の戸や日暮れてくれし菊の酒
kusa no to ya hi kurete kureshi kiku no sake
« À mon ermitage – / Du saké où flottent des pétales de chrysanthèmes / après le soleil couchant » (traduction de Makoto Kemmoku et Dominique Chipot)
C’est pourquoi on retrouve coupes et bouteille de saké sur les estampes de Chôbunsai Eishi et Utagawa Sadafusa :
Dans le jeu de cartes Hanafuda, la 9e suite comporte des chrysanthèmes, en général rouges et jaunes. La carte animaux (ou objets) ajoute une coupe de saké :
Certaines sources anciennes nous apprennent que, la veille de la fête, les nobles enveloppaient des fleurs de chrysanthèmes dans un linge en soie et le posaient à l’extérieur pour la nuit. Au petit matin, ils s’essuyaient le visage avec le tissu mouillé de rosée, afin d’acquérir les vertus de jeunesse éternelle prêtées au chrysanthème.
Vous pouvez donc perpétuer cette coutume, ou envoyer des cartes buissonnières gages de longue vie !
Sources :
« Kiku no sekku, le sekku oublié au Japon »