E-kagami (柄鏡) désigne un miroir doté d’une poignée.
Ces miroirs en bronze comportaient des motifs gravés ou incrustés au dos :

On peut admirer là les motifs de célébration de bon augure que sont le pin, le bambou et le prunier, la grue et la tortue.
L’autre face était dorée à l’étain et polie pour créer une surface réfléchissante.
On les utilisait encore à la fin de la période Edo, comme le montre cette photo prise par Felice Beato à Yokohama vers 1867 :

L’histoire des miroirs japonais en bronze remonte à près de deux mille ans, à partir de la période Yayoi (300 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.). Ils étaient alors ronds pour la plupart.
Les miroirs à poignée sont apparus un peu plus tard, dans la seconde moitié de la période Muromachi (1392-1573), vers le début du XVIe siècle. On en trouve des exemples beaucoup plus anciens en Chine, aux XIIe-XIIIe siècles, et en Corée, vers le XVe siècle, et certains ont été importés au Japon, comme ce remarquable miroir coréen à motifs de chrysanthèmes :

On en a découvert dans des temples et sanctuaires, ce qui laisse supposer une utilisation religieuse.
« Miroir, mon beau miroir… »
À l’époque Edo, l’usage était fonctionnel, et surtout réservé aux femmes.
Dans les bijin-ga (美人画, « peintures de belles personnes »), les maîtres de l’estampe déclinent volontiers leurs reflets, à l’instar de Harunobu et Utamaro :



Utamaro semble se délecter à dévoiler la nuque poudrée de blanc :


Même érotisme délicat, nourri de jeux de reflets particulièrement subtils, chez Chobunsai Eishi :

À l’origine, ces miroirs ne mesuraient qu’une dizaine de centimètres de diamètre, mais leur taille a augmenté pour en atteindre 12 à 18. Vers la fin du XVIIe siècle, on trouve de grands miroirs d’un diamètre d’environ 24 centimètres. D’aucuns affirment que ce changement de taille correspond à celui des coiffures des femmes, devenues plus grandes et plus volumineuses ! C’est bien ce qu’illustre cette estampe de Chobunsai Eishi qui entre dans la chambre de deux courtisanes et de leur assistante :

J’ai choisi des couleurs chaudes pour accompagner ce miroir aux motifs de bon augure :

Sources :
“Bronze Mirrors with Handles in Japan” – article du Musée national de Kyoto