Dans le nord du Japon, hanami touche à sa fin : les derniers pétales des arbres en fleur ne vont pas tarder à s’envoler…
Utagawa Kunisada I (Toyokuni III) les montre flotter au vent avant de choir dans une jolie scène de bord de mer :
À Paris, ils jonchaient déjà le sol à la mi-avril au Jardin des Plantes ou au Parc de Bercy :
Ces pétales m’évoquent un joli mot japonais sans traduction : 名残,nagori.
L’écrivaine Ryoko Sekiguchi y voit « la trace, la présence, l’atmosphère d’une chose qui n’est plus». Elle sous-titre d’ailleurs son livre Nagori ainsi : La nostalgie de la saison qui s’en va. L’étymologie renvoie au « reste des vagues », leurs sillons sur le sable et les algues et coquillages qu’elles déposent. Le mot entre dans nombre d’expressions idiomatiques comme nagori no tsuki, « la lune qu’on aperçoit encore à l’aube » ou nagori no sora, « le ciel tel qu’on le voit lorsque l’on quitte quelqu’un à regret, ou le ciel de la nuit du réveillon, que l’on contemple avec le sentiment de l’année qui s’achève. »
Sachons donc contempler les derniers pétales et fixons-en quelques-uns sur des cartes buissonnières :
Source :
SEKIGUCHI Ryoko. Nagori – La nostalgie de la saison qui vient de nous quitter. Paris : Folio, 2020. (chapitre 2)