Dans le calendrier républicain français, le 9e jour du mois de pluviôse, souvent notre 28 janvier, était dénommé jour du peuplier.
Cultivé pour son bois blanc et léger, cet arbre de haute taille est souvent planté en rangs serrés :
Il fait partie des motifs déclinés par Claude Monet.
En effet, au cours des années 1890, installé à Giverny, le peintre s’est exercé à des variations chromatiques et lumineuses sur différents thèmes : meules, peupliers, cathédrale de Rouen.
Du printemps l’automne 1891, il s’intéresse à une rangée de peupliers sur les rives de l’Epte. Pour obtenir la composition qu’il souhaite, il les étudie d’abord depuis sa barque avant d’emprunter à Caillebotte une embarcation plus commode. Il finit même par acheter les arbres à la commune de Limetz qui voulait les mettre en adjudication.
Ce travail passionné aboutira à vingt-trois toiles.
J’ai eu la chance d’en admirer deux lors de l’exposition que le musée d’Orsay a consacrée au paysage mystique en 2017 :
Les touches de couleurs sont fascinantes :
J’aime également beaucoup cette version automnale qui appartient à une collection privée :
On connaît l’admiration de Monet pour les estampes japonaises. Il y a peut-être puisé ce goût des séries, à l’instar de Hokusai avec ses Trente-six vues du mont Fuji et Hiroshige et ses Cent vues d’Edo ou encore Les Cinquante-trois Stations du Tôkaidô.
Hiroshige a également peint des Vues des sites célèbres des soixante et quelques provinces du Japon. Parmi elles, « Ueno dans la province d’Iga » appartient à la collection personnelle de Monet à Giverny et représente, comme d’autres, des arbres très élancés :
Quant à Hiramatsu Reiji, lui qui prône « le retour du japonisme au Japon », il choisit de rendre hommage au maître impressionniste avec une rangée de peupliers et leur reflet dans l’eau :
Pour ma carte buissonnière, quelques feuilles de peuplier d’un vert tendre accueillent l’or du ginkgo :
Pour aller plus loin :
« Les Peupliers »
Cette fiche Wikipédia recense les vingt-trois toiles de la série.